La roue libre
En Turquie notre roue arrière a commencé à faire quelques caprices. La roue libre est une DTSwiss 350, c’est donc plutôt de la bonne qualité. On l’avait démontée lors de la révision à Athènes, et le fonctionnement est vraiment très intéressant ! En plus elle se démonte sans outils, il suffit de tirer sur la cassette.
Les soucis ont commencé quand la roue libre a arrêté de l’être, libre, justement… Pire on s’est mis à pédaler dans le vide ! Comme il pleuvait, on s’est abrités chez un paysan (qui déplace son tracteur pour nous faire de la place dans son garage !). Comme souvent, on ne s’y attendait pas du tout mais lui aussi parle un peu français et il a vécu en France plusieurs années. On commence à démonter, on ne comprend pas grand chose, et on prend le thé pendant qu’on fait des recherches sur internet. Quand nous avions tout nettoyé à Athènes, nous avions déjà repéré que les roues étoilées étaient usées, avec plusieurs dents cassées, mais là toutes les dents semblent cassées d’un côté.
Très franchement, on ne comprend pas plus, mais bon on se décide à tout remonter en serrant un peu plus. On peut repartir… jusqu’au lendemain :/ Les bruits recommencent et on se retrouve rapidement avec un fixie. Autrement dit, tant qu’on pédale, tout va bien ! Cependant, dès qu’on s’arrête on a un peu peur que la chaîne se prenne dans les rayons et que ça ne s’abime encore plus. Après une pause en haut d’une côte, même en pédalant on commence à manquer d’accroche. On décide de démonter, on ne sait jamais on pourrait bien comprendre cette fois ! Nous sommes rapidement fixés, l’axe de la roue libre est carrément cassé ! On décide de s’arrêter là, dans le village, plutôt que de risquer d’être en panne en pleine nature…
Finalement on a beaucoup de chance dans notre malheur, car on est sur une route relativement fréquentée (une voiture toutes les 5min environ), dans un village, et à 25km d’une grande ville : Nevşehir. Autrement dit, un petit remorquage et on devrait trouver de quoi réparer !
Nous appelons un taxi du genre “büyük” (grand) afin de pouvoir rentrer le vélo, la compagnie force un peu le trait et c’est un fourgon qui arrive, avec son chauffeur et un assistant. Bonne nouvelle, ca rentre facile, mauvaises nouvelles, il n’y a qu’une place libre à l’avant donc je voyage à l’arrière en m’accrochant comme je peux car… le chauffeur est totalement malade et envoie des textos en roulant à toute vitesse. Stéphanie essaye de faire la conversation à l’avant pour attirer son attention, ca marche plutôt pas mal, et c’est mieux que quand il se retourne complètement pour me parler et ne regarde plus du tout la route !! Stéphanie devra négocier avec le chauffeur pour éviter la pause lavage auto et aussi pour qu’on nous dépose directement à l’hôtel, mais sa fermeté se montre efficace 🙂
Le lendemain nous faisons le tour des magasins de vélo de la ville. Dans le premier, on nous informe que c’est introuvable à Nevşehir. Dans le second, pas mieux, mais un iranien très sympa nous emmène dans un troisième magasin. Il ne peuvent rien faire, mais ils nous donnent la carte d’un magasin de Kayseri qui aura ce qu’il nous faut !
C’est un peu décevant, mais comme Kayseri c’est loin, on se rend à Göreme en taxi pour check in dans un hôtel magnifique. Grâce à facebook nous rencontrons Çetin à Uchisar, qui nous présente un ami mécano. Il nous propose de faire le tour des magasins de vélo de Cappadoce, mais on décide ensemble que ca n’est pas la peine et qu’il vaut mieux aller directement à Kayseri. Il y a quand même un magasin plus proche qui a l’air de bien s’y connaître, à Avanos. Yaşar, un commercant de la ville qui parle extrêmement bien français appelle, et il semble qu’ils peuvent nous aider si on leur amène la roue. On y va en un coup de voiture (merci encore !), et sur place l’expert vélo est catégorique : il faudra se rendre à Kayseri…
On se prépare donc pour une expédition en bus le lendemain. Finalement Stéphanie sera empêchée de voyager, et j’arrive donc au magasin à Kayseri vers 9h30. C’est hyper rigolo car tout le quartier est rempli de magasins de vélo ! Il y a des vendeurs, des réparateurs, absolument partout ! Toute la ville est un peu comme ça avec des quartiers thématiques, voiture, restaus, vêtements, bijoutiers…
Je passe un bon moment à attendre l’arrivée du commerçant, un jeune part récupérer le moyeu sram dans leur entrepôt et dès qu’il revient ma roue disparaît à l’angle de la rue dans l’un des dizaines d’ateliers !
Ils doivent tout démonter et remonter les rayons, donc il y en a pour 1 ou 2h… Je me promène donc dans la ville pour trouver de quoi déjeuner. Kayseri c’est quand même 1 million d’habitants, donc c’est assez intéressant à explorer et très dépaysant !
Je récupère ma roue et je rencontre au magasin un turc qui parle très bien anglais, qui n’était pas là le matin ! Il m’aide encore un peu et je prends la direction du retour. Pas facile d’attendre au bon endroit ou de savoir quel bus va où, mais je demande de l’aide au une dame qui se rend dans le même coin que moi !! 2h plus tard, j’arrive à notre hôtel, enfin victorieux 🙂
Le lendemain on étrenne la roue à coup de chemins et de cailloux, tout va bien !
Quelques autres nouvelles techniques. Notre pneu avant a lui aussi commencé à se déchirer le long de la jante, on doit donc le changer. De plus on a un rayon cassé à l’avant, que nous remplaçons !
Enfin, on vous avait dit que notre pneu avant avait subi une usure anormale à cause d’un sous gonflage, voilà à quoi cela ressemble avec en comparaison un pneu neuf !