Author: <span>Claude</span>

Au jour le jour

En trio au sud-est de la Turquie

Au fur et à mesure de notre progression vers l’Est nous approchions de plus en plus de ma cousine Julie. Julie travaille pour les Nations Unies et est basée à Erbil au Kurdistan Irakien depuis quelques années. Pour moi, Erbil et Mossoul étaient des villes très éloignées, mais à force de rouler, on arrivait bel et bien au Kurdistan 🙂 Retrouver Julie dans le sud-est de la Turquie était donc très facile ! Cependant les recommandations du ministère des affaires étrangères étaient d’éviter la zone, en particulier la frontière avec la Syrie. Après s’être renseignés auprès d’autres voyageurs récemment passés à vélo, nous décidons de donner rendez-vous à Julie à Gaziantep, et de suivre un itinéraire qui va plutôt vers le nord-est. Nous renonçons par exemple à visiter Mardin, que nous jugeons trop au sud. Julie va vous raconter cette semaine (elle prépare aussi un article en BD pour plus tard), mais elle a oublié de mentionner qu’avant de venir elle n’avait plus fait de vélo depuis… 15 ans ! Alors plus d’excuses pour venir partager la route avec nous 😉

Cet article est publié avec du retard et raconte la semaine du 9 au 16 juin.

 

« tandemonde » , on peut l’approcher de deux façons : ‘Tandem-monde’ synthétisant le projet de parcourir à vélo la route de la soie ou ‘tant-de-monde’, comme si les rencontres à venir promettent d’être si nombreuses, tant et tellement, presque trop.

C’est pleine d’élan que je suis partie retrouver Steph et Claude en Turquie. Les dates de séjour s’organisent avec flexibilité et je me prépare au départ en consultant le blog (je n’en aurai que rapidement parcouru quelques deux autres) (www.tandemonde.fr ne cesse d’évoluer, quel plaisir pour le visiteur du site). Seule question en tête : que dois-je mettre dans mon sac ? La consigne sera simple. Le moins sera le mieux. L’idée me réjouit.

C’est à Gaziantep que je retrouve Steph et Claude et me fonde ainsi à l’aventure tandemonde. Un vélo sera acheté auprès de vendeurs locaux, négocié en turc par Claude, et baptisé Pistache.

Durant les 10 jours partagés, nous avons relié Gaziantep à Diyarbakir (capitale du Kurdistan turc). Nous avons pédalé pendant plusieurs jours au travers de champs de pistachiers, partagé un petit bout de route avec un autre cycliste, puis été accueillis par une famille pour la nuit lorsque l’orage a éclaté. Nous avons découvert les mosaïques, visité les cités englouties par les eaux et les mausolées nichés sur les collines.

Je ne sais comment raconter le voyage à vélo. Les souvenirs sont nombreux certes ; les sensations souvent rappelées par certaines photo ou mots (Güle güle).

Quelle chance extraordinaire de pouvoir partager quelques jours de voyage avec mes cousins. Car il s’agit du voyage pur ; tel que le plus romantique d’entre nous le conçoit : la route, un moyen de locomotion fonctionnant par l’énergie que nous lui fournissons, le plaisir de l’effort et du repos, le bien-être qu’apporte la restauration après la journée d’effort ou l’eau fraiche du lac pour se laver. Je suis émerveillée par l’indépendance que Steph et Claude se sont créés via le matériel judicieux qu’ils transportent. Quel plaisir de comprendre l’utilité et le fonctionnement de chacun d’entre eux. Mes cousins auront été des plus généreux dans leur accueil. Partage de savoirs et connaissances, mais surtout d’une écoute attentionnée et bienveillante.

Aujourd’hui, le voyage se poursuit, par les lectures (saison brune de P. Squarzoni), les écoutes (podcast : série française « être féministe »), les photo, les dégustations (un énorme sachet de pistaches), et une sensibilité : aux autres et à l’environnement.

Je ne sais comment remercier Steph et Claude de m’avoir permise de me sentir part de l’aventure. Je souhaite que la route leur soit douce.

 

Voici une vidéo concoctée par Stéphanie de cette semaine ainsi que quelques galeries de photos :

Une galerie du musée de mosaïques de gaziantep :

Une galerie de Gaziantep :

Une grande galerie de photos sur la route :

Des photos de la famille de Mehmet qui nous a accueillis pour un soir !

Des images de notre excursion au Nemrut Dagi :

Au jour le jour

Sur la Pamir Highway (M41)

A Murgab nous dormons à l’hôtel Pamir. Murgab n’est pas encore raccordée au réseau électrique, donc ils disposent d’un générateur qui fonctionne de 18h30 à 22h. Inutile de préciser qu’il n’y a donc pas de wifi, et que nous devons nous contenter de nos connexions mobiles très lentes, mais suffisantes pour échanger sur Whatsapp !

Il se trouve qu’une nouvelle installation génératrice d’électricité vient d’être achevée (un barrage je crois), cependant elle n’est pas encore en fonction… Il faut d’abord attendre une visite prochaine du président pour procéder à l’inauguration ! Pendant ce temps, les habitants restent dans le noir…

 

Heureusement, les exploitants ont dû se dire que c’était un peu dommage, et le soir même au moment du dîner le propriétaire arrive triomphant dans la salle et nous annonce un moment historique : il vont couper le générateur et se raccorder au réseau !! Cela fonctionne (jusqu’au lendemain midi…), mais contrairement à nos espoirs cela n’élargit pas la plage durant laquelle il est possible de prendre une douche chaude…

Le lendemain nous passons tous une journée de “repos” où chacun est bien occupé… Les vélos ont traversé les pires routes et ont tous besoin d’un profond décrassage !

Au moment de payer pour l’hôtel je vois arriver deux policiers qui viennent discuter avec le propriétaire. Il m’expliquera ensuite qu’ils sont venu pour lui indiquer que toute vente d’alcool est prohibée pour 6 jours. En effet la visite du président aura lieu après cette durée, et il ne faudrait pas que des foules excitées ou imbibées viennent gâcher le moment…

Nous repartons le lendemain, un peu au compte goutte (nous restons avec Gabriel), mais tout le groupe se retrouve facilement le soir, de toute façon il n’y a qu’une route et les lieux de camping ne sont pas très nombreux 🙂

La route en question est excellente, c’est une montée très douce et totalement asphaltée. Elle mène au col le plus haut de notre voyage (?), l’Ak Baïtal qui se faufile à 4655m (et comme souvent, on jurerait que juste là, de l’autre côté, le col il serait pas un peu plus bas ??).

Depuis ce point de vue superbe on peut apercevoir un pic chinois à 7100m, le Muztag Ata. Il est sensé être sur certaines photos puisque je peux vous jurer l’avoir vu de mes yeux (j’ai même dû crapahuter un peu plus haut pour ça), mais ça ne rend rien 🙁

Nous entamons une très jolie descente, mais Vlad et Silvia ne semblent pas nous rattraper :/ On s’arrête pour déjeuner et… toujours rien ??! On finira par repartir sans eux, et on apprendra plus tard qu’ils n’ont pas eu de problème particulier, seulement ils ont pris énormément de photos ^^

L’asphalte ne se prolonge pas jusqu’en haut des cols, on ne sait pas exactement pourquoi, on imagine que la neige est plus agressive pour celui-ci quand les pentes sont plus fortes ? Le fait est qu’on a quand même pas mal de kilomètres de pistes, et même un peu de tôle ondulée 😉

On aimerait bien faire un petit détour pour profiter plus du lac Karakul, donc même lorsque l’asphalte revient, on décide de s’engager sur une piste de nouveau, on aime ça on dirait !!

Cette journée se trouve être celle que nous avons choisit pour vous raconter une journée de vélo avec nous en vidéo, si vous ne l’avez pas déjà vue je la remets ici :

Voici une galerie de photos de la journée :

Après notre nuit en vue du lac, nous repartons sur de la piste pour notre dernière journée avant longtemps de mauvaise route mais belles vues, un classique de la région 😀

Nous rejoignons l’asphalte en début d’après midi, nous rêvons tous d’un bon repas et fantasmons des miracles qui nous attendent dans la ville de Karakol. Nous prenons donc la décision de pousser jusqu’à la ville avant de déjeuner. En particulier, Stéphanie et moi imaginons qu’il sera possible de trouver un restaurant de poisson, avec ce grand lac juste à côté !! La déception est totale. Nous arrivons vers 16h pour découvrir un village presque mort et peu avenant… Nos rêvent de pain chaud s’évaporent et nous nous cuisinons des pâtes bof, l’autre classique de la région, dans un coin à l’abri du vent et… des enfants.

On vous a déjà parlé de nos interactions avec les enfants au Tadjikistan dans les articles précédents, mais nous avons oublié de mentionner ceux qui viennent nous voir pour nous demander soit de l’argent, soit des sucreries. Par principe, nous refusons de donner à des enfants qui mendient, mais cela nous a fait réfléchir à notre position de touristes. En effet on aime bien se croire atypiques et loin des circuits du tourisme de masse, mais puisque seuls les cyclistes traversent ces villages, la masse c’est nous… Cela veut dire que nous sommes les seuls responsables des impacts positifs et négatifs du tourisme, et les enfants qui mendient en font partie…

Nous repartons sur la route pour rencontrer le vent, nous roulons jusqu’à trouver de l’eau et il nous arrive une drôle d’expérience. Nous sommes à la recherche d’eau claire (en gros une rivière sur deux est boueuse, ça dépend de ce qui se trouve sur le chemin en aval du glacier), et nous rencontrons un lit asséché, mais avec le reflet de l’eau bien visible un peu plus haut. Je descends pour aller voir de plus près si l’eau est claire, et il s’avère que la rivière est en train de se remplir ! Ce n’est pas dû à un barrage, mais simplement le soleil fait fondre le glacier en journée, et nous nous trouvons exactement au bon moment au bon endroit en aval ! Notre source d’eau fraiche et claire est donc trouvée pour la nuit et nous plantons la tente.

Le vent est extrêmement fort et cette opération n’est pas des plus simples, surtout dans le sable… On se fait même un petit mur avec des pierres empilées pour se protéger 🙂 La tente bouge dans tous les sens mais elle tient le coup !

Sur l’une des photos ci-dessus vous pouvez voir des femmes en train de laver des tapis dans la rivière. Dans le Pamir c’est une activité relativement courante, en ville c’est plutôt au karcher, mais dans les campagnes il arrive souvent de voir des femmes les laver à la main, ils sèchent ensuite au soleil.

Le lendemain nous reprenons la route pour notre dernier col Tadjik, Kyzyl-Art, qui est aussi la frontière avec le Kyrgyzstan. Cette frontière est un peu étrange, côté Tadjik elle est vraiment très isolée et ne dispose pas, par exemple, d’électricité à part quelques panneaux solaires. Le poste de contrôle de la première barrière tombe en ruine, on relève manuellement toujours les mêmes informations de notre passeport et permis GBAO, toujours lentement. Nous roulons un peu plus pour atteindre le checkpoint militaire cette fois, et rebelote avec le relevé dans un cahier des mêmes informations exactement…

Nous atteignons enfin le col, et même si l’on était prévenus, le passage au Kirghizstan fait un véritable choc ! Côté Tadjik, tout est sec, ici les pentes sont vertes et on descend dans un nuage, quelques flocons sont mêmes visibles… A ce moment là, nous n’avons pas vu de précipitations depuis la Cappadoce, soit depuis plus de 3 mois ! Après quelques lacets, notre route longe une rivière, mais nous n’avons pas encore croisé le poste Kirghize. La rivière continue sa descente, et est rejointe par une autre, mais nous ne sommes toujours pas admis dans le pays. La vallée s’élargit un peu, puis beaucoup, et toujours pas de poste frontière ! En fait on parcourra près de 20km avant de l’atteindre ! Normalement aux frontières on est vite fixé, ici en cas de rejet le retour est un peu dur ! Mais le Kirghizstan est plutôt accueillant (pas besoin de visa pour les européens) et beaucoup plus touristique.

Pour arriver à Sary Tash nous devons traverser une plaine gigantesque encaissée entre deux immenses chaînes de montagnes, celle d’où nous venons et celle au pied de laquelle se trouve la ville. Notre jolie plaine est balayée par un vent d’est assez puissant. Il nous vient de côté au départ, mais petite à petit nous l’aurons de plus en plus en face, et les derniers kilomètres pour arriver à Sary Tash sont difficiles. Nous arrivons à la tombée de la nuit dans une guest house moyenne qu’on nous avait conseillée.

On retrouve le plaisir de disposer d’un wifi de bonne qualité (ce qui permet de repérer quels autres hébergements pourraient nous convenir mieux pour les prochaines jours !). Nous devons en effet attendre quelques jours dans la région pour retrouver Baptiste, Marion et Johanna à Sary Mogol le 14.

Nous changeons donc de guest house, mais cela se révèle bien plus long que ce que nous pensions… Propriétaires en vadrouille, portes fermées, prix qui changent, après plusieurs allers retours nous réussissons à nous installer dans un lieu sympa en début d’après midi (!).

Un des voyageurs présents nous recommande une guest house vraiment sympa à Sary Mogol, et puisque nous devons encore passer quelques nuits, nous décidons de nous y rendre le lendemain car on y sera plus confortables !

Nous prenons donc la route pour une toute petite étape : 35km de descente douce. Mais, ahah !, c’était oublier notre ami le vent ! Et oui, cette fois le vent vient de l’ouest, histoire qu’on l’ait encore dans le visage !! Et il ne rigole pas ce vent, on est réduit à du 6km/h par moment… (on mettra finalement 4h au total)

Au début de notre itinéraire nous croisons un checkpoint militaire où un chien errant sympa nous accompagne. Il est tellement content de voir des vélos que le militaire me demande même “Is it your dog?”. Je lui explique que non, j’ai juste un vélo. Je peux vous dire qu’à ce moment là je n’aurais pas pensé que la réponse serait oui quelques jours plus tard ! Je vous présente Côtelette, et elle a une drôle d’histoire, vous allez voir…

Durant tout notre trajet, cette chienne vélociphile nous suit avec enthousiasme ! Elle est super intelligente, se met toujours du bon côté de la route lorsqu’une voiture arrive de face ou de derrière, et vu notre vitesse elle nous suit sans difficulté… Après quelques kilomètres on essaye de la décourager de nous suivre, car on va loin et que la route ça reste un peu dangereux… Mais il est impossible de s’en débarrasser ! Petit à petit on s’habitue à la voir dans notre rétroviseur, quand elle s’éloigne un peu trop une côte ou une bourrasque lui permet de nous rattraper sans problème. Les kilomètres défilent et on se dit que vraiment, elle marche bien cette chienne. Elle arrive à Sary Mogol en même temps que nous et on commence à se dire que la route des deux Sary est peut être une habitude pour elle.

Mais elle nous suit quand même jusqu’à la guest house. Et quand nos vélos disparaissent dans le garage il s’avère qu’elle a bien compris qui se trouvait dessus et elle s’installe devant notre porte ! Elle n’en bougera plus… Cette chienne est absolument adorable, on finit par lui donner de la nourriture, les autres hôtes pensent que c’est notre chienne, on explique que non…

On retrouve Baptiste et Marion le jour même, il ont un peu d’avance sur le programme eux aussi et c’est un vrai plaisir de passer la soirée avec eux ! Il viendront s’installer dans notre guest house dès le lendemain 🙂

Le temps passe, la neige tombe, la chienne ne bouge pas, elle nous a définitivement adoptés… On décide de réfléchir à la garder (il faut dire qu’elle a complètement fait fondre le cœur de Stéphanie), et on demande à nos amis cyclistes du groupe Whatsapp si certains voyagent avec un chien et s’ils ont des conseils. Il s’en suit une série de messages totalement hallucinants, cette chienne est connue de plein de gens du groupe ! Il s’avère qu’elle suit des cyclistes depuis plusieurs mois, mais attention, pas seulement entre Sary Tash et Sary Mogol, pour elle le Pamir n’a aucun secret ! Certains sont venus de Langar jusqu’au Kirghizstan avec elle ! Elle a suivi un autre groupe sur 400km, et un groupe de trois françaises l’ont gardée un moment, c’est elle qui l’ont appelée Côtelette. Toutes les personnes qui la connaissent nous supplient de bien nous occuper d’elle 🙂 Au poste frontière du col elle est connue, les douaniers la laissent passer et repasser régulièrement !

Son endurance qui nous avait surpris est maintenant plus qu’expliquée, cette chienne est une marathonienne ! On décide de la garder, mais pour les quelques jours à venir, l’arrivée de Johanna et notre balade en cheval je laisse la plume à Marion pour le prochain article !

PS : nous avons passé du temps avec Gabriel sur ce tronçon, voici le chapitre vidéo (en espagnol) correspondant !

Au jour le jour

Semaine hors du temps le long du lac Zorkul

Après Langar la route la plus courte rejoint la M41 en environ deux jours. Mais il est aussi possible de passer au travers d’une réserve naturelle le long du lac Zorkul. En fonction de la route et du vent cela prend 5 à 7 jours, on se prépare donc pour 8 jours d’autonomie pour avoir un peu de marge !
Cela veut dire que nous ne pourrons plus nous faire des salades pour le déjeuner puisque les produits frais pèseraient trop lourd pour cette durée (et de toutes façons on ne trouve presque rien ici !). Il faudra donc cuisiner aussi le midi ! Et il commence à faire assez froid, donc pour le matin on aimerait bien du thé et on va tester le porridge.
Premier besoin, il nous faut donc de l’essence en quantité. La réserve d’essence la plus proche se trouve dans le village d’avant. Langar c’est assez particulier, il y assez beaucoup de logements touristiques mais c’est le seul village où il n’y a pas d’eau potable ! L’eau courante est boueuse, donc pour boire et cuisiner il faut aussi s’approvisionner au village d’avant à 5 km !
Le propriétaire a donc une voiture qui fait l’aller retour tous les matins pour remplir ses bidons de réserve d’eau… On profite avec Vlad de ce transport pour remplir nos propres réserves, et j’achète 1 litre d’essence (dans une bouteille de Sprite).
A mon retour, je discute de nouveau avec le propriétaire de notre hostel afin de savoir s’il sait où trouver un pneu. Il n’en a pas la moindre idée, c’est une autre spécialité du coin, ils accueillent des tas de cyclistes tout le temps mais ils n’ont pas encore eu l’idée de se procurer des pièces détachées courantes pour leur vendre !
Cependant il est très gentil et il se renseigne pour nous, c’est un enfant qui lui dit que le magasin sur la route où je viens de passer vend des pneus.
Le sort s’acharne un peu sur nous et à peu près à cet instant notre roue arrière lâche un long soufflement. Je l’accompagne peu après, et c’est à pied que je repars nous trouver un pneu ! (Il s’avèrera que notre chambre est totalement usée, l’intérieur présente des tas de micro fissures de vieillesse, et c’est l’une d’elle qui est devenue trop grande.)
Miracle, la boutique en question est une espèce de caverne d’Ali Baba, et dans l’arrière boutique se trouvent bien des pneus ! J’achète le dernier du bon diamètre, seul défaut il est indiqué pour maximum 100kg, ce qui n’est pas idéal pour notre tandem…
Le lendemain nous sommes sensés commencer par des lacets dont une bonne partie est faite de sable. Effrayés par la perspective de pousser le tandem pendant des kilomètres, on engage un taxi afin de sauter cette portion ! Nos peurs étaient mal renseignées, la route est finalement de la piste normale, mais on est bien contents tout de même de s’être économisés un peu et nous retrouvons Vlad et Silvia en route. Certaines des photos de cet article sont d’eux, on les remercie beaucoup car ça nous fait des photos de nous en route !!
Que l’on se rassure, le sable sera bien de la partie, seulement un peu plus loin sur notre itinéraire 😉
Le soir au moment de planter la tente notre pneu recousu est déjà très abîmé (le fil est coupé par le passage sur les pierres), on en change donc par le pneu local en espérant qu’un pneu neuf, même sous dimensionné, nous tiendra pour quelques jours.

Nous poursuivons notre route (coucou le sable !) vers le camp militaire de Kargush, qui sert aussi de point d’entrée dans la réserve naturelle du Zorkul. Les cyclistes mal informés espèrent souvent y trouver un petit magasin, mais ce n’est réellement qu’un checkpoint, aucun ravitaillement possible !

La réserve nous réserve de très beaux paysages, pour notre première nuit nous campons le long de la rivière, sur l’autre rive on peut voir des chameaux afghans 🙂

Nous bivouaquons dans des conditions totalement hors de la réalité. Le silence est total et le ciel est parfaitement libre de toute pollution lumineuse. C’est indescriptible, la voie lactée est visible immédiatement après le coucher du soleil, et on voit plus d’étoiles que nous n’en avons jamais vue !

Après une seconde journée nous arrivons en vue du lac, il y a beaucoup de vent mais nous parvenons à nous abriter derrière une colline. Une bergerie se trouve proche, très rare présence humaine dans cet endroit isolé, probablement parce qu’une source émane ici. D’ailleurs on peut sentir la fumée de leur cheminée, ici on se chauffe avec les seul combustible disponible : la bouse séchée.

Notre route continue un peu en hauteur par rapport au lac, comme installation humaine nous ne croisons qu’une paire de maisons. En terme de trafic il nous arrive de croiser la route d’un 4×4, maximum une fois par jour ! La sensation d’être totalement isolés est quelques chose d’unique. Évidemment il n’y a absolument aucune couverture réseau, nous sommes donc déconnectés totalement. Cela n’est pas anodin, car depuis le début du voyage nous avons toujours très facilement obtenu des cartes SIM des pays que nous traversions, il nous arrive donc de ne pas avoir de connexion mais seulement sur quelques dizaines de kilomètres maximum, pas pendant plusieurs jours de suite !!

Au moment du déjeuner nous parvenons à l’extrémité du lac, où se trouve une base militaire. Celle ci est vide et abandonnée, j’y suis entré pour prendre quelques photos. A l’extérieur vous reconnaîtrez sûrement l’épave d’un char soviétique, avec son étoile rouge.

Après le déjeuner, en repartant, Vlad et Silvia sont un peu devant nous et là paf pchhhhhhh… On crève !! A force de rouler sur des cailloux ça devait arriver… Notre grosse crainte est que le pneu ait lâché mais non il est encore intègre, c’est bien la chambre qui a dû se pincer. Nos compagnons de route ne nous voient pas arrêtés et disparaissent derrière la colline suivante.

Nous réparons au plus vite pour ne pas les retarder trop, je gonfle la roue une fois de plus, mais à 4200m c’est un effort un peu trop intense alors on applique une promo sur le nombre de bars 😉
Lorsque nous repartons, après seulement quelques minutes nous voyons Vlad et Silvia pousser leurs vélos à travers la campagne, on est assez surpris mais il se trouve qu’on a emprunté sans faire attention une piste secondaire, tandis qu’ils ont scrupuleusement suivi la route principale qui partait dans la mauvaise direction ! Au moins leur erreur nous déculpabilise, ils n’auront pas perdu de temps à cause de nous 😉
Suite à cela, on décide qu’on ne passera pas le col ce jour là, mais de passer la nuit avant 🙂 Durant la fin de journée nous passons proche d’un camp de yourtes de nomades, ils ont un impressionnant troupeau de yaks qu’on a la chance de voir traverser devant nous !
Comme prévu nous dormons au pied du col, il n’y a pas d’eau courante ce soir car les rivières sont sèches, mais on avait prévu cette possibilité heureusement !
On reçoit quelques petits flocons et on aperçoit un gros nuage de neige à quelques kilomètres. La lumière du coucher du soleil fait briller l’herbe dorée et rend le tout irréel, c’est magnifique !

On a essayé de prendre des photos du ciel mais il ne nous semble pas possible de régler la distance focale manuellement sur notre appareil photo (!), donc ça ne rend pas très bien… On avait déjà eu ce souci lors de l’éclipse de lune en Iran.

Le matin nous commençons la journée par une côte, heureusement la pente n’est pas trop forte. Le col est à 4400m et nous fait passer dans une vallée somptueuse. Les montagnes noires brillent dans le soleil, les marmottes dodues s’enfuient sur notre passage et on passe des gués… un peu boueux !

Comme nous étions un peu en avance sur nos compagnons, nous nous installons auprès d’un groupe de terriers. Nous patientons tranquillement en espérant les voir ressortir de leur trou, et après quelques minutes nous commençons à voir leurs petites têtes apparaître ! C’est là une expérience assez incroyable, qui donnerait presque envie de devenir photographe animalier 😉

En sortant de cette vallée nous croisons une petite maison et une yourte totalement isolées, c’est la maison d’été d’un monsieur kirghize et de sa famille. Ils nous invitent pour le thé et nous offrent aussi pain, yaourt et crème ! Cette courte plongée dans la vie locale nous réjouit, c’est aussi la première fois qu’on rencontre une famille kirghize. Même si nous sommes officiellement au Tadjikistan, ici le président à la télé est bien celui du Kirghizstan 😉

De façon assez amusante, la maison est équipée d’un panneau solaire mais le seul appareil électrique de la maison est une télévision ! (il n’y a pas l’eau courante ce qui élimine les machines à laver et le frigo est simplement l’extérieur !).

En quittant sa maison nous voyons au loin la silhouette d’autres cyclistes ! Nous patientons quelques minutes et faisons la connaissance de Valérie et Pierre, un couple de français en vacances pour quelques semaines ici. Ils nous impressionnent beaucoup car pour un voyage court à vélo ce n’est vraiment pas la route la plus facile !
Nous faisons la route ensemble jusqu’au premier village depuis Langar, Jarty Gumbez. Il n’y a qu’une dizaine de maisons et pas de magasin mais le village est installé sur des sources chaudes…
Un bâtiment de bains très neuf destiné aux touristes se détache clairement, et c’est avec délectation que nous profitons de ses services 😀
Après tout ce temps sur la route, au froid, l’effet des bains chauds est radical sur nous tous ! On profite de cette pause à fond 🙂
Bien entendu il nous paraît absolument impossible de repartir, mais après quelques temps nous trouvons la force de nous remettre en selle !
Dans cette affaire, il apparaît que notre tandem est bien jaloux puisqu’après seulement un kilomètre Boum ! à plat de nouveau !!
Cette fois c’est le pneu, il est totalement déchiré après seulement 4 jours sur les pistes ! La meilleure solution nous semble être de faire demi-tour jusqu’au village, afin d’y chercher un transport. Si cela nous était arrivé dans un endroit plus isolé nous aurions certainement usé des talents de couturière de Stéphanie ou improvisé une solution…

Mais une fois de plus dans notre malheur nous avons plutôt de la chance, la solution est proche et facile à trouver ! Nous sommes très frustrés et tristes de ne pas pouvoir terminer cette boucle superbe et avec nos compagnons, mais c’est ainsi !

Le propriétaire des bains chauds est hyper gentil et nous propose de nous emmener le lendemain matin, nous pouvons passer la nuit dans la yourte et il ne nous fera payer que l’essence !

C’est donc en voiture que nous repartons vers Murgab, seulement notre chauffeur n’est pas un taxi officiel et doit donc éviter les checkpoints, ce qui nous impose de passer par les montagnes et pas par la route la plus directe. Notre trajet en 4×4 se transforme en véritable safari, nous passons par des pistes quasi inexistantes, et notre chauffeur qui est aussi guide s’arrête régulièrement afin d’épier aux jumelles la présence de moutons Marco Polo. Après de nombreuses tentatives infructueuses et après avoir traversé plusieurs vallées il finit par réussir à en dénicher et nous avons alors le rare privilège de pouvoir les voir dans les jumelles !!! Désolé, nous n’avons pas de photos… Ces moutons sont très sauvages et ne peuvent être vus que dans les jumelles. Par contre on a vu plusieurs crânes et cornes au bord de la route… Ils sont très lourds et cela laisse imagine la tailles des bestiaux, les photos de google vous prouveront que ce sont des monstres !
Nous arrivons à Murgab vers midi, en début d’après midi nous partons à la recherche d’un pneu au bazar mais nous n’en trouvons aucun de bonne qualité…
Heureusement un miracle va nous sauver, l’homme providentiel, Gabriel, arrive cette après midi même et il a… un pneu de rechange !!! Il l’avait emmené depuis Dushanbe en cas de problème, c’est un pneu de seconde main qui traînait dans la boîte des objets abandonnés de notre hostel !!
La surprise ne s’arrête pas là puisqu’il roule en compagnie de Daniel (rencontré en Ouzbékhistan) et qu’ils viennent de croiser un peu plus haut Vlad et Silvia !
C’est donc un joyeux groupe de sept cyclistes (avec Thomas, un autre allemand croisé à Langar) qui occupera la yourte du pamir hotel de Murgab ce soir là ! Nous profitons de ce retour à la civilisation pour fêter dignement mon anniversaire avec un peu de retard 🙂
En bonus, un petit aperçu de la musique locale, voici un clip qui passait à la télé dans le hall de notre hôtel à Murgab.
Au jour le jour

Vues Afghanes

Désolé pour la longue période sans publication, au Tadjikistan après Dushanbe l’internet n’était pas assez rapide pour nous permettre d’éditer nos articles. Nous avons dû attendre d’être au Kirghizstan !

Au départ de Dushanbe il existe deux routes pour rejoindre la région du Pamir. Le Pamir désigne la chaîne de montagnes qui termine l’Himalaya à l’ouest. C’est plus ou moins un plateau à une altitude de plus de 3500m. La région à l’Est du Tadjikistan s’appelle officiellement GBAO, c’est à dire Gorno-Badakhshan Autonomous Oblast (Oblast en russe c’est une région administrative). Cette région regroupe toute la partie montagneuse et est plus ou moins “autonome”, cela représente 45% du territoire et… 3% de la population. On retrouve ici toutes les subtilités du découpage des régions qui date de l’URSS. Les ethnies ne correspondent pas forcément au découpage des frontières… Quelques exemples :

– Dans la ville de Boukhara en Ouzbékhistan la langue la plus parlée est le tadjik. La seconde est le russe et la troisième l’ouzbèke. En gros la région est historiquement un empire persan (les Samanides) et la langue tadjik est très proche du persan. Cette région est aujourd’hui encore la source de tensions entre le Tadjikistan et l’Ouzbékhistan. C’est en 1924 que le Tadjikistan est formé en tant que république soviétique propre, et à ce moment là hop, la région de Samarcande et Boukhara n’y a pas été rattachée (possiblement en représailles d’une révolte). Pour vous donner une idée des tensions actuelles, la frontière la plus proche de Samarcande que nous avons pu emprunter a réouvert en mars 2018… Les photos des présidents Tadjik et Ouzbèke se serrant la main qui la décorent sont donc d’un symbolisme conséquent.

– La région de l’est du Pamir n’aime pas beaucoup le président, les gens sont d’ethnie kirghize et n’hésitent pas à parler de la région comme étant kirghize. C’est plus ou moins subtil, par exemple la télévision chez les gens ne s’intéresse qu’aux diffusions kirghizes. Un homme de Murgab qui parlait bien anglais et curieux de notre voyage nous a même demandé dans quel pays nous allions après le Kirghizstan ! Et les chapeaux kirghizes y font leur apparition 🙂

Pour ceux qui aimeraient creuser le sujet, cet article wikipédia est instructif.

Revenons à nos moutons, et à nos deux routes pour quitter Dushanbe. La route du nord est plus courte mais pourtant moins fréquentée. Cela s’explique par son état de surface désastreux et son dénivelé très important. Les voitures et camions utilisent donc plutôt la route du sud, qui traverse la région du Kathlon, via les villes de Dangara et Kulob. Les cyclistes, avertis de ce qui les attend dans le Pamir préfèrent en général la route du sud, mais depuis l’attentat autour de Dangara (voir notre article précédent), cet itinéraire est moins emprunté.
La plupart des cyclistes que nous avons rencontrés ont donc emprunté la route nord, certains autres, dont nous mêmes, ont décidé de prendre un taxi pour sauter cette portion (surtout les jours suivant l’attentat). En pratique cela nous permettait aussi de sauter une portion de route difficile et de passer plus de temps dans l’est du pays, tout en arrivant à temps au Kirghizstan pour rejoindre Baptiste et Marion !

Nous nous rendons donc à la station de taxi consacrée à la direction du Pamir, nous arrivons par la petite entrée et c’est assez amusant, on dirait un immense garage pour 4×4 à ciel ouvert !
On explique qu’on souhaite se rendre à QalaiKumb, 4 ou 5 chauffeurs nous font des propositions et nous décidons de suivre l’un d’entre eux sur l’argument objectif qu’ils nous paraît plus sympathique que les autres 😀

Le chargement du vélo se passe bien, pas de démontage en deux parties nécessaire ! Le départ est programmé pour dans une vingtaine de minutes. On s’arme de pain, coca et d’eau pour un trajet qui peut être long. On parle de moins de 400km, mais en pratique ça peut prendre 8h…

Notre chauffeur ne trouve personne dans la gare qui aimerait se joindre à notre convoi, et on récupère donc deux enfants de son village qui patientaient avec nous, visiblement sans garantie de pouvoir monter si un client qui paye s’était montré (?). Ils s’installent à l’arrière dans l’espace restant à côté du vélo, nous partons, il est 11h40. Je précise que nous sommes assis tous les deux à l’avant, autant vous dire qu’on est un peu serrés, et au milieu on profite des coups de coude du chauffeur chaque fois qu’il passe une vitesse 🙂 On profite aussi de la musique locale, mais ça c’est partout dans la voiture !

Notre chauffeur effectuera plusieurs pauses plutôt amusantes. Lors de la première il négocie puis charge plus de 20kg de raisins, il a probablement l’intention de faire son commerce une fois arrivés, dans le Pamir on ne trouve pas beaucoup de produits frais ! Lors d’une seconde pause, il achète dix pastèques gigantesques. Pour charger le tout, il fait plus attention à notre vélo qu’aux enfants, et c’est nous qui les aidons à réorganiser l’espace afin qu’ils n’en aient pas de partout à leurs pieds ou sur les genoux…

Nous effectuons une pause déjeuner aux alentours de 15h dans un bouiboui de connaisseurs : il n’y a aucune indication que c’est un restaurant. Végétariens de l’Asie Centrale (trop risqué pour moi. Aussi Steph reste dégoûtée de la viande depuis la Turquie), nous demandons des lagman sans viande, et c’est très bon, même si la viande est simplement retirée de nos bols avec plus ou moins de talent. Les lagman, vous ne le savez pas encore mais vous connaissez peut être déjà, c’est une orthographe différente de “ramen”, c’est donc un bol de soupe avec des légumes et des pâtes allongées maison. Après Kulob, nous passons un col dont le sommet correspond au checkpoint d’entrée dans le GBAO. Après un contrôle de nos passeports et de nos permis spéciaux, nous entamons la descente. Le paysage est complètement différent de ce côté, et on aperçoit pour la première fois l’Afghanistan. En effet, à partir de maintenant et durant toute la durée de cet article, nous longeons la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan. Cette frontière est marquée par un fleuve, le Panj.


L’asphalte disparaît environ 20km avant QalaiKumb et notre chauffeur nous explique que la route est vraiment pourrie, comme ce que nous parcourons actuellement, jusqu’à Roshan, soit là où il habite. Nous arrivons à QalaiKumb à 19h30, et il fait déjà nuit. Notre chauffeur nous propose de pousser jusqu’à son village et de dormir chez lui (sans payer l’hébergement). Le vélo n’est pas prêt à rouler, il fait déjà nuit donc nous aurons du mal à trouver un emplacement où camper et cela veut dire que nous allons devoir payer un hôtel. On décide de continuer avec notre chauffeur en payant un peu plus (à peu près autant que ce que nous aurait couté de dormir à QalaiKumb). Quelques minutes plus tard nous nous arrêtons pour le dîner. Cette fois pour des végétariens c’est pas gagné… Kebab au menu, et c’est tout ! La cuisine est à cours de pain, heureusement qu’on en avait acheté avant de partir 🙂
On se contente donc d’une soupe aux légumes… avec le goût de viande évidemment !
Nous repartons, notre chauffeur nous indique que l’on peut s’assoupir, lui ne s’endormira pas. Sur une route normale on aurait du mal à le croire, mais vu sur quoi nous roulons, il est forcé d’être dans un état de concentration extrême et l’adrénaline doit le garder en pleine forme. Une heure plus tard nous sommes bloqués car deux camions se font face, et ne peuvent pas se croiser. Toutes les voitures sont bloquées en attendant. Là normalement vous vous dites qu’à force de manœuvres la situation va se débloquer, mais absolument pas. Il fait nuit noire, le bord de la route est un à pic qui plonge droit dans la rivière, et les camions sont munis d’une remorque, ce qui rend toute manœuvre fort délicate. Notre chauffeur entame une sieste (en écrasant de son siège les enfants à l’arrière), et nous attendons. Il s’écoule une heure complète avant que le camion aval n’abandonne et se range sur le côté afin de laisser passer le trafic de voitures. Nous repartons, mais pour notre voiture plutôt large, croiser les camions s’avère un peu coton. Notre chauffeur assure, il est très prudent depuis le début du trajet et on l’apprécie d’autant plus dans ce moment 🙂 On ne vous cache pas qu’il n’est pas facile de dormir dans une voiture qui tremble quand on est collés à deux sur un siège qui ne peut pas s’allonger car notre vélo est juste derrière. C’est vers minuit et demie que l’épuisement finira par agir et nous dormons tous les deux jusqu’à arriver… à 2h30 du matin.
Bilan, 600km, 15h de taxi. On rêverait presque d’une autoroute ;)Notre courte nuit chez le chauffeur est très agréable, nous dormons sous une tonnelle à l’extérieur. Leur quartier d’hiver est une maison traditionnelle du Pamir, la pièce principale comporte 5 colonnes et un plafond caractéristique. C’est un peu long à décrire mais vous pouvez voir les photos. Les colonnes portent les noms de personnages sacrés de la tradition Alévi, l’emplacement auprès de l’une d’elle est réservé au chef du village, il faut donc éviter de s’asseoir au hasard ;)Épisode amusant, Stéphanie souhaitant prendre une douche, une femme l’emmène dans la salle de bain, puis s’enferme avec elle. Elle la fixera durant toute la durée de sa toilette… Manque de pudeur ? Curiosité de voir si les Européennes sont faites pareilles ? On ne sait pas !

Le village où nous dormons est en réalité un peu avant Roshan (25km) et s’appelle Shitz. Nous prenons la route qui redevient rapidement de l’asphalte (miracle !). Juste après notre départ nous rencontrons Chris, un cyclo allemand. Nous nous retrouvons un peu plus loin lors de notre pause goûter du matin, et nous déjeunons avec lui une fois arrivées à Roshan. Nous trouvons un petit restau très bien qui nous sert un plov sans la viande et une assiette de frites, super ! Le plov c’est pareil, en fait vous connaissez : le mot ressemble beaucoup à pilaf. C’est un plat de riz ! Avec des carottes (des raisins secs en principe, mais en pratique il faut avoir de la chance) et un micro bout de viande si on est pas végétarien.

Un peu plus loin nous croisons un checkpoint, c’est celui qui se trouve au pied de la jonction avec la vallée de la Bartang. Cette vallée est la plus sauvage du coin, il n’y a presque aucun trafic, de nombreuses rivières qui peuvent être profondes à traverser, et la route est très mauvaise. Au checkpoint nous croisons notre premier groupe de motards. Ils sont 8 ou 10 en moto cross, et suivis par un pickup qui transporte leurs affaires.

Nous continuons la route et traversons quelques villages. On croise régulièrement des enfants très gentils ! On voit aussi des enfants… de l’autre côté de la rivière ! En effet la vallée est super étroite à ce niveau, et les villages Afghans alternent avec les villages Tadjik. Très peu de choses distinguent les deux côtés de la vallée et les images d’un pays en guerre sont bien loin ici… Les enfants Afghans comme les Tadjik nous font coucou, se baignent dans la rivière. On voit l’activité dans les champs de la même façon que de notre côté, et les hommes qui transportent le foin nous apparaissent de loin comme des bottes de foin qui marchent !

Le soir nous nous arrêtons dans une village et plantons la tente dans le jardin d’une dame adorable, elle nous a même fait une petite liste de vocabulaire Anglais – Tadjik – Pamirski.

Nous arrivons à Khorog autour de l’heure du déjeuner. Nous hésitons à nous arrêter pour la nuit, mais nous pouvons tout aussi bien faire un longue pause et repartir en milieu d’après midi. L’hôtel où les cyclos se retrouvent est plutôt éloigné du centre, ce qui ne nous arrange pas puisque nous avons quelques courses à faire. Nous décidons donc de ne pas dormir sur place, et nous dirigeons directement vers le centre. La première étape est le bazar, qui se trouve à l’entrée de la ville du côté où nous sommes. Nous faisons la connaissance de Christine et Bruno, deux cyclos partis avec un tandem muni d’un panneau solaire pour le suntrip. Malheureusement leur véhicule n’était pas assez stable et ils ont dû continuer avec deux vélos droits.

Il y a beaucoup de vélos dans cette ville, c’est vraiment le point de passage obligatoire ! Au bazar nous trouvons du fil de pêche (pour la couture de pneu, Steph est une experte !) ainsi que de la super glue. Pas de piles de bonne qualité en vue par contre… Nous passons à la banque pour échanger nos euros, mais c’est impossible car nous sommes un jour de week-end !

Direction le centre ville pour rendre visite au PECTA. C’est le centre d’information touristique de la région, mais plus important, ce sont eux qui délivrent les permis pour accéder à la réserve naturelle du lac Zorkul, par laquelle nous avons l’intention de passer. Les contrôles sont très légers, donc on choisit de payer pour deux jours chacun, même si ça risque de nous en prendre trois plutôt.

Nous nous installons sur la terrasse d’un restaurant qui donne sur la rivière, ils proposent une sorte de sandwich grillé dont, miracle, il existe une version végétarienne ! Évidemment c’est un peu chiche, mais on complète notre repas par une assiette de frites ainsi que… une crêpe !

En repartant nous visitons l’un des supermarchés de la ville où Stéphanie se rend pour faire des courses pour quelques jours. A priori on ne trouvera pas de magasin avant Ishkachim. En repartant nous nous engageons dans la vallée de la Wakhan.

La route qui s’appelle la Pamir Highway est la route principale, aussi appelée M41. C’est la route qu’emprunte les camions et la plupart du traffic. Il existe deux autres vallées (dont la Bartang croisée plus haut) qui traversent le Pamir, ainsi que quelques itinéraires bis. La vallée de la Wakhan est la plus au sud, elle longe le fleuve Panj et donc la frontière Afghane.

Si vous regardez une carte vous verrez qu’à ce niveau en Afghanistan commence un appendice étrange, c’est le corridor de la Wakhan. Ce bout de territoire très isolé dans les montagnes est le résultat d’un accord de 1865 entre les Britanniques et les Soviétiques qui avait pour objectif de mettre fin à la guerre diplomatique intense qui a eu lieu durant tout le 19e siècle en Asie centrale. Cette compétition est plus connue sous le nom de “Grand Jeu”, et son histoire est très bien racontée dans un livre que mon père m’a offert avant le départ et que je vous recommande chaudement ! Ce territoire allongé jusqu’à rejoindre la Chine sert donc de tampon entre deux empires qui ne pouvaient supporter de frontière commune !

En cette fin d’après midi, nous parcourons seulement quelques kilomètres avec un vent de face assez fort. La route est assez escarpée et les lieux de camping ne sont pas légion, nous nous arrêtons donc dans un village pour essayer de planter la tente dans un jardin. Le plus difficile dans ces cas là est de réussir à refuser l’hospitalité, que cela soit de dormir à l’intérieur ou bien de la nourriture. Les gens sont extrêmement généreux, et il faut savoir se montrer ferme ! Notre méthode consiste à insister pour planter la tente dans le jardin, et de commencer à cuisiner rapidement (quitte à se doucher une fois la nuit tombée). Avoir notre maison et notre dîner prêts permet de refuser plus facilement ce que nos hôtes souhaitent nous offrir ! D’autant plus que la vie dans le Pamir est rude et les gens ne sont pas très riches, on ne voudrait pas abuser !! En général on repart quand même avec quelques tomates, des pommes ou bien des mûres séchées. La spécialité du coin sont les amandes de noyaux d’abricot, mais celles ci sont toxiques à haute dose (cyanure) alors on limite notre consommation 😉

Lorsque nous repartons le lendemain matin le vent est heureusement retombé. Nous longeons la vallée étroite du Panj avec de jolies vues sur l’Afghanistan.

Sur la route nous croisons un groupe d’enfants et ados un peu méchants, du genre à bloquer la largeur de la route et à nous lancer des cailloux quand nous passons sans nous arrêter. Inutile de préciser que ce n’étaient que des garçons. Le plus étrange c’est qu’ils se baladaient à pied alors que le prochain village était à environ 10km.
Quand nous arrivons dans ce village il est l’heure pour nous de trouver un endroit où dormir, une dame nous propose un hôtel mais l’ambiance ne nous plaît pas trop, en plus le groupe de jeunes vient de se faire déposer par une voiture. On a absolument aucune envie de participer à la vue de leur village vu comment ils se sont montrés désagréables. C’est une motivation suffisante pour continuer notre route jusqu’au prochain village où nous pouvons nous installer dans le jardin d’une dame très gentille (on réussit à n’accepter qu’un délicieux demi pain ;)).

Le lendemain nous croisons sur notre route une source chaude que nous avions repérée sur la carte. Elle est gratuite et en plein air, mais l’eau n’est qu’à 25 ou 30°C, pas assez pour nous convaincre de piquer une tête !

Nous arrivons à Ishkachim le midi, la banque est donc fermée mais nous voulons encore changer nos euros ! L’activité avec l’Afghanistan existe un tout petit peu ici, puisqu’il y a un marché hebdomadaire transfrontalier. Il se tient sur une île au milieu du Panj, sur laquelle ne se trouve sinon qu’une base militaire. Il a lieu tous les samedis matins mais malheureusement nous ne sommes pas là le bon jour (et on apprendra plus tard que le samedi suivant il était exceptionnellement annulé).

Pour patienter nous nous installons dans un restaurant voisin, mais tout ce que nous parvenons à commander sont des assiettes de frites ! Ça nous convient même si elles ne sont pas excellentes… Nous croisons un second groupe de moto cross, qui déjeunent là aussi.

Une fois la banque ouverte, évidemment impossible de changer des euros mais on me renvoie vers une autre, Amonat. En route nous en trouvons une troisième, ils annoncent leur taux pour les euros, mais évidemment on me refuse le change. Je demande alors où se trouve la banque Amonat et ils me garantissent qu’il n’y en a pas à Ishkachim. C’est un peu un classique du coin, les gens ne savent pas ce qui se trouve dans la ville, même dans la rue à côté, mais ils sont prêts à vous jurer que c’est introuvable. En général il suffit de trouver un autre interlocuteur,  en l’occurrence une dame dans la rue qui m’emmène très gentiment jusqu’à la banque. Elle est vraiment cachée, mais, surprise, il y a un distributeur ! On me refuse encore le change (même des dollars…) mais je repars content car je peux ajouter la banque et son distributeur sur openstreetmap, ce qui rendra la vie plus facile des futurs touristes. On change quelques dollars avant de repartir enfin ! C’est un peu un autre classique du coin, ce qui devrait être facile et rapide prend beaucoup de temps, mais on est pas pressés 😉
Pour dormir ce soir là on se rend sur un spot de camping sauvage indiqué sur notre carte, il a été ajouté récemment sur OSM. C’est pas mal du tout à part qu’il y a beaucoup de moustiques :/
Un peu plus tard un motard arrive, Nikolas, nous prévient que deux autres personnes sont en route, puis repart. En réalité il est reparti voir deux cyclistes qui cherchaient aussi un endroit où camper un peu plus haut, super sympa de sa part ! Nous faisons alors là rencontre de Silvia et Vlad, un couple roumain. C’est assez drôle car on a déjà entendu parler d’eux via Gabriel, ils s’étaient croisés en Turquie, donc ils sont connus pour nous !!
En repartant le lendemain nous les précédons car en général nous sommes plus lents, cependant en raison d’une crevaison ils ne nous rattrapent qu’au moment du déjeuner. Après ce moment nous resterons ensemble pendant plus d’une semaine !
Nous dormons le soir dans le village de Yamchun, dans le verger d’une famille. La fille de la famille, qui doit avoir environ 12 ans parle très bien anglais ! Elle dit qu’elle apprend à l’école, mais nous sommes très impressionnés !
La route dans le Wakhan n’est pas de bonne qualité, l’asphalte disparaît quelques kilomètres après Ishkachim et laisse place à une piste difficile. En plus ils ont visiblement eu la drôle d’idée de recouvrir la terre avec des graviers, ce qui améliore certainement la situation pour les voitures, mais rend la route horrible pour les vélos. De même, les portions en sable ne gênent probablement pas tant que ça les 4×4, mais à vélo ils sont impassables !
Pour compenser, les paysages sont exceptionnels !
Par contre cela met nos pneus à rude épreuve et nous crevons, c’est malheureusement le pneu arrière qui est déchiré sur la bande de roulement, Stéphanie va nous recoudre tout ça ! C’est un travail difficile pour lequel elle est à présent devenue une experte, mais comme vous pourrez le voir ce n’est pas le pire cadre pour s’y atteler ; )
Nous arrivons à Langar le soir, mais nous avons bien conscience que nous ne pourrons pas continuer notre route sans un pneu de rechange… La couture, bien que savamment exécutée, ne durera pas longtemps sur ces routes !!
Dans le prochain article on vous raconte la suite, et comment on se prépare pour 8 jours d’autonomie dans la nature pour rejoindre Murgab !
Au jour le jour

Hommage

Notre voyage a été marqué par un événement tragique auquel nous désirons consacrer cet article. Nous avons préféré attendre avant de publier cet article pour ne pas inquiéter nos proches qui n’auraient pas vu la nouvelle.

Le 29 juillet sur la route sud entre le Pamir et Dushanbe, un groupe de 7 cyclistes a été attaqué par une voiture terroriste. Le conducteur a renversé 6 membres du groupe, puis les passagers de la voiture ont attaqué les cyclistes à coup de couteau.

Trois personnes sont mortes sur place, une quatrième sur la route de l’hôpital. Les deux autres ont survécus à leurs blessures, et enfin, le septième se trouvait un peu en arrière et a découvert la scène après l’acte. Ce dernier cycliste est un Français avec qui nous étions en contact via les groupes Whatsapp.

Nous consacrons cet article à la mémoire de ceux qui sont morts dans cette attaque dramatique :

Les compagnes de ces deux derniers ont survécu à leurs blessures, on leur souhaite de surmonter cette épreuve le plus rapidement possible…

La communauté des cyclos a honoré leur mémoire en accrochant un tissu, blanc si possible, sur le vélo… et bien entendu en continuant le voyage !

Nous avons été très touchés par cet acte qui a visé des personnes qui nous sont très proches même si nous ne les connaissions pas. Bien entendu, les attaques terroristes à Paris nous avaient marquées aussi. Mais cet acte très proche de nous et de notre façon de voyager nous a démontré que les terroristes s’attaquent au mode de vie occidental sous toutes ses formes, même si nous avions l’impression d’en être pour quelque temps assez détachés. D’autre part, le sentiment sécurisant d’être une personne parmi des millions lorsque nous étions à Paris n’est plus valable ici, puisque 500 à 1000 vélos traversent cette région chaque année.

Au jour le jour

Cités mythiques de la route de la soie

Pour ce premier jour en Ouzbékistan nous partons tôt, sur notre itinéraire c’est tout plat, ce qui veut dire que la chaleur reste un paramètre à prendre en compte. La circulation est beaucoup plus faible qu’en Iran, en particulier les motos ont totalement disparues ! Par contre on croise beaucoup de gens à vélo, et pour le transport c’est plutôt des charrettes tirées par des ânes 🙂 Les voitures sont quasiment toutes de marque chevrolet, et même les taxis et bus sont des mini vans très étroits, c’est bien, ça nous laisse beaucoup de place au bord de la route !!

En milieu de matinée nous découvrons notre premier bazar, c’est toujours un moment que j’apprécie particulièrement car ils sont très différents dans chaque pays. Ici, les stands sont très spécialisés, et on trouve de tout dans un petit rayon. Il n’y a pas de ségrégation en fonction du type de bien, à part pour la viande qui demande quelques installations de nettoyage fixes. D’ailleurs pour faire la pub, les bouchers exposent la tête de l’animal abattu, c’est assez impressionnant !

Une autre chose qui change beaucoup d’un pays à l’autre, c’est le pain. En Iran il y avait une variété importante. Ici, les pains se ressemblent plus, mais il y ont des textures et des goûts différents 🙂 Toujours pour la nourriture, le standard ici c’est l’eau gazeuse, il faut insister pour obtenir des bouteilles d’eau plate, et on n’en trouve pas dans tous les magasins !

Lors de notre longue pause déjeuner, on sort de notre demi-sommeil réveillés par un autre cycliste : Daniel qui vient d’Allemagne. Il finira la route vers Boukhara avec Gabriel et nous !

Nous n’avons absolument pas prévu notre arrivée à Boukhara, donc nous sommes bien contents de nous laisser guider par Gabriel et Daniel qui maîtrisent bien le sujet des hostels de la villes. Après une petite balade on se rend compte ensemble qu’en périphérie et dans le centre c’est le même prix. On les laisse s’installer dans les dortoirs chez “Rumi” tandis que nous allons tout à côté dans un hôtel ou il reste des chambres doubles (ça revient au même prix pour nous !).
Après un repos de fin d’après midi nous partons à la découverte de la ville tous les quatre, avant de dîner dans le centre.

Boukhara est une ville très touristique dont le charme est quelque peu atténué par les aménagements qui y ont été réalisés. Lorsque nous visitons la ville le lendemain nous sommes évidemment ravis par l’architecture, mais on trouve un magasin de souvenirs coincé dans chaque recoin utilisable… Bref, on ne peut pas dire qu’on soit déçus pour autant, mais en repartant ce n’est pas notre escale préférée !

Nous dînons de nouveau avec Gabriel, notre espagnol se dérouille petit à petit ! Heureusement, il fait l’effort de parler sans l’accent argentin, ce qui nous permet de comprendre plus facilement, et Stéphanie m’aide pour le vocabulaire 🙂

Pour la route vers Samarcande il y a deux possibilités, nous prenons la route nord tandis qu’il ira par le sud, nos chemins se séparent ici !

Afin de profiter du petit déjeuner et d’éviter la chaleur, nous partons en fin d’après midi. Après une trentaine de kilomètres nous nous arrêtons dans un village pour demander où nous pourrions planter la tente. Nous réalisons alors que la langue étrangère la plus utile ici est le russe… Mon turc ne sert plus à rien ! Le tadjik est aussi compris, c’est plus ou moins utile car cela ressemble au farsi, donc on connaît quelques mots de base.

Mais bien heureusement l’attroupement qui se forme toujours assez rapidement autour de nous finit par réunir un jeune du village qui parle un peu anglais. Il comprend notre requête et après une très courte réflexion nous invite chez lui !!
Il s’appelle Ahmed Ali, il étudie l’informatique à l’université de Boukhara et nous sommes dans la maison de ses parents. Il nous a expliqué que le village où nous nous sommes arrêtés est un village arabe. On a été assez surpris et en regardant à présent je ne trouve qu’assez peu d’informations sur cette communauté, qui semble très réduite !

Comme vous pouvez le voir, la générosité des locaux est toujours aussi exceptionnelle, d’ailleurs on ne tardera pas à renouveler l’expérience, puisque le lendemain il nous arrivera exactement la même aventure, cette fois en demandant à l’intérieur d’un magasin… Durant la journée pas grand chose à signaler, à part peut être le restaurateur qui a essayé de nous faire payer nos heures de siestes en plus de la nourriture (qui ne tente rien n’a rien !). Chez nos hôtes ce soir là on a pu assister à un chantier assez amusant, il semblerait qu’il vendaient leur argile et il y avait donc un groupe de quatre ouvriers en train de fabriquer des briques, remplaçant le fond du jardin par un immense trou 🙂

Nous repartons de nouveau dès potron-minet et lors de notre première pause du matin nous voyons arriver deux cyclistes ! Il s’avère que nous les connaissons puisque ce sont Christine (franco allemande) et Marta (lettonienne) que nous avions croisées devant l’ambassade du Turkménistan à Machad. Elles partent un peu en avant mais on les rattrapera un peu plus tard (!) et nous faisons la route ensemble jusqu’à la pause déjeuner.

Le soir nous nous arrêtons dans un petit village pour faire le plein d’eau, et pas très loin se trouve un très grand groupe de personnes qui semblent attendre, et plutôt bien habillées ! Vous l’avez deviné, c’est un mariage ! Une fois de plus il ne tarde pas à venir des personnes qui parlent le russe (et pas turc :D), et heureusement après quelques minutes un homme qui parle anglais les rejoint ! Il suffit de trois minutes d’échange pour que les doyens nous invitent à nous joindre à la fête !! Les femmes et les hommes ne rentrent pas dans la salle au même moment, et ne sont pas assis du même côté (enfin, si il n’y a plus de place, on peut avoir une table de femmes dans le côté des hommes). Notre traducteur nous explique qu’en Ouzbékistan les mariages réunissent au minimum 300 personnes, et pour les personnes aisées c’est plutôt 1000 ! La salle où nous nous trouvons est donc énorme, et les tables très bien garnies (sans compter les plats qui arrivent ensuite !). Ce qui est très étrange dans tout cela, c’est que le couple se trouve sur le podium et que personne ne semble leur prêter attention… Tout le monde mange tandis qu’ils doivent rester debout à attendre… Pour être très honnêtes, on n’est pas sûrs sûrs que ce soit les mariés, notre traducteur nous a dit “sister and brother in law”. Donc cela pourrait être le frère et la sœur d’un des côtés du couple. Car, détail très important, les mariages se font en deux fois ! Il y a deux soirées successives, chaque côté de la famille invitant l’une après l’autre… Nous en profitons jusqu’au coucher du soleil et comme je suis très fatigué on repart chercher un endroit où planter la tente (Stéphanie aurait bien aimé rester un peu plus longtemps…).

Nous arrivons le lendemain midi à Samarcande où nous nous installons dans un B&B en plein centre qui est très couru par les cyclistes et les participants au mongol rally. Une très bonne surprise nous attend, car un autre pino se trouve dans la cour ! C’est (encore !) un couple de français (on dirait que les pino appartiennent tous à des français), Corinne et Christophe. Ils sont super sympas et on passera quelque temps et repas en leur compagnie 🙂

Dans l’après midi, Gabriel notre ami argentin arrive aussi ! Il était parti un peu avant nous mais en empruntant la route du sud, qui est plus longue et avec plus de dénivelé.

Les deux jours suivants nous visitons Samarcande qui nous émerveille absolument ! C’est une ville exceptionnelle, les bâtiments sont somptueux et le tourisme moins visible qu’à Boukhara (et plus de touristes locaux).

Les sites les plus beaux sont le Registan ainsi que des mausolées.

Les bâtiments les plus anciens remontent à l’époque de Tamerlan, je vous rassure lui aussi c’est un grand, Timour le Grand (ou le boiteux mais je suis sûr qu’il aimait moins cette version). En gros il y a toujours eu des gens dans la région (cf infra le musée du site archéologique local), et puis au 12/13ème Genghis khan a débarqué et a tout rasé/massacré. Histoire de consolider un roman national, Tamerlan a eu droit à un regain de postérité en devenant une sorte de héros fondateur. C’est pas complètement faux puisque depuis cette époque seul le passage du temps a affecté les structures, et la reconstruction et les réparations ont pu être faites par les soviétiques.

Timour donc, fonde la dynastie des Timourides. Il ordonnera la construction de quelques uns des mausolées évoqués plus haut et visibles plus bas, destinés à ses frères et soeurs. Pour lui même il pensait être enterré à Sharisabz (sa ville de naissance, 60km au sud de Samarcande), mais sa mort lors d’une campagne le mènera à un enterrement dans la capitale.

L’un des trois bâtiments du Registan, le plus ancien, a été construit sous le règne de Ulug bek, petit fils de Timour. En 1507 les Shaybanides renversent les Timourides (sans destruction majeure), et le premier de leur dirigeant complète la place du Registan par les deux autres bâtiments qui y sont présents aujourd’hui. Les trois sont des madrasas (écoles religieuses), qui hébergent aussi en leur sein des mosquées, dont la plus grandiose est aussi la plus récente : la mosquée dorée (Tilya-Kori, 1650).

Voici une première galerie avec le Registan, vous devriez reconnaître facilement la mosquée dorée, Stéphanie en a fait des photos incroyables :

Une seconde galerie avec d’autres bâtiments et les mausolées :

Sur la recommandation de Camille et Gaëtan nous visitons aussi le musée de l’afrosyab (un site archéologique, occupé de l’an -500 à 1200). Pour comprendre de quoi il s’agit on vous recommande de visionner la vidéo suivante, qu’on glisse dans l’article plutôt qu’en lien tellement elle est bien faite et hypnotisante (trouvée sur kottke.org, un blog que je vous recommande) :

Nous n’avons pas de photos du musée, mais il présentait de belles céramiques du 10e siècle ainsi qu’une fresque très impressionnante du 7è siècle.

Nous repartons de Samarcande en compagnie de Gabriel, direction le Tadjikistan ! Voici à quoi ressemblent des cyclistes fiers d’être venus jusqu’à cette ville joyau à la force de leurs jambes !

 

En bonus pour les hispanophones (ou si vous aimez les vidéos), la vidéo de Gabriel sur l’Ouzbékistan où l’on nous voit à plusieurs reprises :